Le Lipez, vu par les yeux d'une brune...
Je ne pouvais pas rester là sans rien dire, après 12 jours d'exil, d'émotions et de difficultés.
Ana a très bien résumé notre périple (quel talent cette petite !! ;-) donc je ne vais pas réécrire le récit de ces qq jours passés dans le désert, mais je voulais juste partager quelques-unes de mes impressions et de nos galères !!
Le Lipez a 2 facettes : beau et dur à la fois. Beau parce qu'il recèle de merveilles, au détour d'un sommet, d'un virage... lagunes colorées, salar, geysers, sources d'eau chaudes, dégradés de couleurs à vous en couper le souffle... autant de beautés en si peu de jours finalement, c'est plus qu'il n'en faut pour nous rendre heureux. Sans compter ce que l'on n'a pas vu car le Lipez est connu par son "chemin" traditionnel, mais ce désert détient en fait moultes endroits inconnus et superbes : on nous a parlé de la lagune céleste aux couleurs bleutées, la Salinas où nous nous sommes perdus est aussi très peu visitée des tours operateurs. Tant mieux pour ceux qui ont la chance de s'y perdre me direz-vous ! Mais n'oublions pas que le Lipez reste un désert, dont les pistes sont sans cesse renouvelées par le climat et le vent, donc en permanence ensablées, cahotiques et très peu roulantes sur certaines portions.
Même s'il est un défi pour bon nombre de cyclos, il demeure très faisable aujourd'hui avec beaucoup de motivation car le flot touristique apporte une certaine sécurité, et les refuges ou hôtels, des points d'eau sûrs tous les 2 jours. Il est vraiment difficile de se perdre (on ne rit pas, OK ??!!! :-), si on suit consciencieusement les pistes de 4*4, même si elles s'étalent sur plusieurs centaines de mètres (au pire, on fait 2 à 3 kms en plus).
L'avantage du vélo, c'est qu'on peut prendre le temps, alors que les jeeps ne s'arrêtent que qq minutes. On peut choisir le moment idéal pour faire nos photos, bivouaquer devant un superbe coucher de soleil, se lever le matin et capter les premières lueurs du jour sur ces sites fabuleux, se poser et contempler tout simplement le paysage. Ces moments de solitude et de pause m'ont fait revivre tellement de souvenirs, rêver mon avenir... beaucoup de pensées ont traversé mon esprit durant ce Lipez et c'était bon !! J'ai pensé à vous ...
Un petit condensé des "aléas" du Lipez :
-La grosse galère pour les vélos, c'est LE SABLE !!! On croit qu'il est tassé alors on remonte sur le vélo et 50m après, on s'enfonce à pleine roue !! Alors il faut pousser, mais le souffle est court à 4000m, alors on pousse... 50m, puis 100m et puis, on s'arrête, on souffle...on regarde le copain devant qui a exactement le même rythme et on recommence inlassablement les mêmes figures, sans broncher... faut avancer... vitesse moyenne au compteur : 3.5 Kms/heure... Pffff.... on n'est pas rendu !!!
-Autre grosse galère : LE VENT !!! Galère pour rouler car on l'a toujours de face ou de côté, galère pour monter la tente et pour cuisiner !! D'ailleurs, lors de notre bivouac devant la laguna Verde, au petit matin, un vent terrible et glacial nous a motivé à plier la tente sans déjeuner. Mais hoooooorreur... une minute d'inattention de notre part oú nous avons làché prise et la tente s'est mise à partir dans les airs et nous, à courrir comme des dératés après une toile folle. Bilan : essouflement total (nous étions à 4400m) mais toile récupérée et fou rire assuré !!!
Bref, on sait maintenant que dans le Lipez, bah y'a toujours du vent !!!
-LE MAL DES MONTAGNES : il te coupe les jambes de bon matin, après une nuit à oppresser. Il te casse le moral car tu n'avances pas, pas de jus, pas d'envies, pas d'appétit (même pour le chocolat !!!:-)...
-Mes doigts crevassés...........aiiiiiiiiiiiiiiiiiie !!! Impossible de faire cicatriser avec des doigts toujours pleins de poussière... tu vas chercher un truc dans ta sacoche degueu, alors que tu viens de te rincer les mains au gel antiseptique qui sent bon, et v'laaaaaaaa.... comme si t'avais rien fait !!! Grrrrrrrrrr.....
-Sortir faire pipi la nuit, dans le froid glacial, mais il te faut d'abord dézipper ton sac de couchage, sortir de ton drap de soie, enlever tes chaussons duvets, dézipper la 1ère fermeture de la tente, enfiler rapidos tes chaussures parce que làaaaa, ca uuuuurge, dézipper la seconde fermeture externe de la tente........ pour enfin te soulager la vessie et constater que....... oh misère.... t'as pas pris le bon sens du vent et tu es en train de te faire pipi sur les pieds !!! Pffff
-Faire sa toilette à la lingette : j'ai hoooooooorreur de ca !!! mais bon, c'est mieux de sentir bon...surtout pour la copine !! Sans oublier le crémage de fesses tous les soirs à la Nivéa : terribles les frottements de la selle, on se retrouve avec un érythème fessier de bébé et on comprend mieux les pleurs des petits bambins devant des fesses enflammées car ouiiii, ça fait maaaaaaal, surtout qu'en on remonte sur la selle le lendemain !! lol
-Manger la même bouffe fade que tu peux plus voir en peinture (cornflakes du matin, soupe/pates du soir, saucisson/pain du midi)... Oú est mon Pollo / Fritoooooooooooooooo ??????
Voilà... le Lipez, c'est pleins de petites galères pour les cyclos, mais tellement de bonheur dans les yeux, le sourire aux lèvres, la joie d'un nouveau jour qui commence avec son lot de surprises, de rencontres, d'encouragements, son sentiment de liberté ...
Bravo à Ana qui a enchainé les étapes sans broncher, avec une épaule en mauvais état. Elle est têtue et dure à la douleur, j'ai pu voir très rarement sa souffrance mais je l'ai ressenti. Chapeau pour cette épreuve !!!
LIPEZ,
Nous t'avons désiré, avec beaucoup de ferveur,
Aujourd'hui, tu es devant nous, il est l'heure,
Encore quelques kilomètres nous séparent de toi,
Et bientôt, nous foulerons ton sol en émoi.
Et voilà bien des difficultés pour te retrouver,
Depuis Alota, nous nous sommes égarés,
Puisque multiples pistes se sont dévoilées,
A nos yeux déjà émerveillés.
A court d'eau, il nous faut pourtant nous réapprovionner,
Quoi de mieux qu'une eau de lagune soufrée ! :-)
Au 1er 4*4 croisé, notre route enfin confirmée,
C'est à l'hôtel del Desierto que nous serons sauvés.
Nous arrivons à l'Arbol del Piedra,
Après une journée de Calamina,
Ambiance rocheuse et pierres majestueuses,
Taillées par le vent et l'usure du temps.
Satané mal des montagnes,
Tu fais de nos nuits, une longue attente essouflée,
Tu prends nos forces et notre moral enjoué,
Mais nous ne cédons pas à l'envie d'avancer.
Ohhh, Laguna Colorada
Tes couleurs se révèlent à nos yeux,
Ta robe rouge au voile blanc soyeux,
Fait le bonheur des flamants roses gracieux.
Il faut te mériter, Lipez,
Car tu sèmes notre chemin de difficultés,
Entre piste de tole ondulée, ensablée et ventée,
Il nous faut malheureusement souvent pousser !
Mais on nous avait prévenu,
Que le Lipez, c'était pas pour les glandus !
Malgré un bras foutu et un mal aigu,
On t'a vaincu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Hi hi hi
Bisous à tous.
Sandrine